L'Erasmus a-t-il fait de moi une européenne?

Publié par flag- Laurie Lambert — il y a 4 ans

Blog : Un stage Leonardo à Murcia
Dans : Actu Erasmus

Avec la crise qui sévit en Europe, les coups bas des uns, l'individualisme des autres, certains journalistes se demandent parfois ce qu'il reste de l'Europe et de ses buts iniciaux qui étaient, entre autres, de permettre à tous les citoyens de chaque pays d'Europe de vivre en démocratie et d'être égaux.

C'est toujours dans cette optique que l'Europe a également favorisé les contacts entre les citoyens de ses pays membres, afin de créer une identité européenne qui n'existait pas auparavant. L'union a donc mis en place des moyens financiers pour encourager les échanges, les rencontres interculturelles, les va et vient entre les pays.

Cette politique d'émancipation a selon moi bien des avantages. Tout d'abord elle encourage, pour ceux qui peuvent en profiter, l'apparition de valeurs nobles comme la tolérance, le partage, la générosité, l'humanisme, etc. et permet de développer en nous des qualités linguistiques, sociales et culturelles.

Mais plus concrètement, ai-je vraiment reçu tous ces bénéfices précités lors de mon séjour erasmus? L'objectif de faire de moi, ou d'envisager de faire de moi, une citoyenne européenne a-t-il fonctionné? Suis-je européenne avant d'être belge?

Je vais tenter de répondre à ces questions pour illustrer les objectifs cités plus haut et pour analyser, de la manière la plus objective possible, les bienfaits de cette politique d'échanges européens.

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Etonnamment, je n'avais pas l'intention de faire un séjour Erasmus, et ce, bien que j'aime voyager et que j'avais toujours des projets de voyages plein la tête. L'Erasmus était pour moi une expérience que tout le monde faisait, qui n'avait rien de personnel et je n'avais pas envie de me retrouver avec plein d'autres étudiants dans une même ville. J'avais de plus un petit-ami à l'époque de l'inscription et l'idée de partir longtempts (à nouveau puisque j'étais déjà partie après ma rhéto) loin de lui ne me motivait guère. Je n'avais donc personne qui m'encourageait spécialement à le faire si ce n'est ma meilleure amie qui c'était vraiment bien amusée en Espagne, à Salamanque. Mais la troisième année d'université étant très intensive au niveau de la quantité de travail, je me suis dit qu'il serait peut-être judicieux de partir pour respirer un peu et avoir moins de boulot. Et oui, les premières motivations n'étaient guère nobles.

Mais tout dépend bien évidemment du pays où vous allez. Si vous partez dans les pays nordiques en général vous aurez autant de travail que dans votre université d'origine. L'Espagne n'avait pas cette réputation au niveau de ses universités. J'allais de plus économiser de l'argent en partant. Une première constatation est donc que la masse de travail d'un étudiant Erasmus varie beaucoup d'un pays à l'autre et d'une université à l'autre.

Effectivement, le loyer en Espagne pour les kot (appartement partagé) était moindre qu'en Belgique. De plus, le coût de la vie était également plus faible et je pourrais recevoir le même argent de poche mais en profiter plus. Mon choix c'est donc porter vers l'Espagne, car je l'étudiais depuis deux ans et les deux autres pays que l'on pouvait choisir était l'Italie ou la France, qui ne m'intéressaient pas. Une deuxième constatation est la suivante: selon la motivation de votre coordinateur erasmus dans votre université, selon son degré d'intelligence et de débrouillardise, vous aurez ou n'aurez pas beaucoup de choix de destination... Un étudiant de l'université de Liège étudiant en romanes aura plus ou moins de choix de destination qu'un étudiant en communication par exemple. De même, un étudiant romaniste de la promotion 2008 aura plus ou moins de choix de destination qu'un étudiant de l'année suivante...

Une fois mon choix porté sur un pays particulier, restait le choix de la ville. Les uns choississaient l'une pour la plage, les autres pour son université et la qualité des cours. Là aussi, on se renseigne chacun pour soi, par le bouche à oreille. Là aussi, de grande chance de tomber dans des universités aux politiques et niveaux bien différents. J'ai décidé de partir à Murcie simplement pour éviter de tomber dans la même ville que mes amies de classe, qui allaient toutes à Cadiz. Et oui, troisième constatation, l'erasmus, c'est hélas parfois l'occasion de rester entre amies dans le pays d'accueil. Pas étonnant quand on a le choix entre cinq villes dont trois sont hors de prix comme Madrid ou Barcelone.

Ensuite je suis arrivée dans le pays d'accueil le jour J. Très vite, le rythme espagnol a été pris, j'ai trouvé mes marques et j'ai fais connaissance avec les nombreux erasmus de la ville. L'intégration européenne commençait, mais pas pour tout le monde. En effet, comme les destinations sont limitées souvent on se retrouve à être plusieurs personnes d'une même classe dans une même ville. Certains restent en groupe du même pays volontairement quand d'autres essaient de rencontrer de nouvelles personnes. Bon... Au final, j'ai tout de même rencontré beaucoup de francophone. Heureusement, je vivais avec des Espagnols pour améliorer ma maîtrise de la langue du pays d'accueil. Mes collocataires ont donc été un pont entre ma culture belge et la culture espagnole. Hélas, là aussi certains vivent entre Belges, entre amies. Mais sans doute le fait d'être dans un pays étranger est déjà un très grand pas pour ce genre de personnes...

Il est difficile de passer un séjour erasmus sans se plonger un minimum dans la culture du pays d'accueil. Et beaucoup de choses nous pousse à nous y intéresser: les activités menées pas l'ESN (association qui organise des évènements pour les erasmus dans plusieurs villes européennes), les offres dans les bars/cafés pour les erasmus pour boire des boissons ou goûter des mets locaux, les offres touristiques et voyages proposés aux erasmus, etc. Et puis un erasmus, ça a du temps pour tout. Guindailler, oui certes, mais aussi voyager. Car les soirées, on s'en lasse au bout d'un moment. Et des villes, j'en ai visitées! Pas seulement en Espagne, mais également au Maroc, très accessible depuis le Sud de l'Espagne. Et le Portugal pour d'autres. La culture, on s'y immerge également via l'université évidemment. En fonction de nos cours, des gens qu'on y rencontrent, des spectacles et évènements qui y sont présentés.

Concrètement, quels ont été les "chocs" culturels auxquels j'ai été "confrontés" en Espagne?

  • Le rythme de vie évidemment. Des horaires (au départ mais heureusement qui ont ensuite été modifiés) à rallonge où les journées commencent à 8 heures à l'université et se termine à 21 heures voir 22 heures;
  • La nourriture: d'autres recettes, une autre nourriture, d'autres habitudes, une offre de nourriture internationale plus réduite qu'en Belgique,...
  • Les coutûmes: fêter les Saints, fêter les fêtes régionales, les évènements sportifs, les carnavals,...
  • Les règles de vie et de politesse: le partage à table (avec les tapas, on commande pour tous et on met les plats au milieu de la table), manger sans attendre les autres, les deux bisous sur la joue, parler fort pour se faire entendre,...
  • Apprendre à comprendre le patriotisme des uns, et essayer d'apprendre à l'accepter ou à le réduire. Après tout, nous aussi on a des choses bien, tu veux venir les voir? Et voilà que se créé un échange entre deux européens.
  • Et bien d'autres choses encore...

    Mais cette aventure a-t-elle fait pour autant de moi "une européenne"? Après tout, ne me suis-je pas mêlée qu'à la culture espagnole, même si j'ai rencontré d'autres étudiants d'autres pays?

    La réponse doit être nuancée.

    Evidemment, j'ai appris à connaître d'autres cultures lors de repas internationaux, lors de rencontres, lors de discussions, lors de tandem, etc. De même, je me suis fait des amies dans d'autres pays qui m'ont par la suite rendu visite ou que j'ai revues. Et c'est surtout grâce à l'erasmus qu'on a trouvé un premier dénominateur commun sur lequel base notre amitié.

    Mais certaines de ces amitiés peuvent parfois avoir un caractère superficiel du fait de ce dénominateur commun. Je m'explique. L'expérience erasmus est une expérience unique où on se comporte différemment de par notre statut d'erasmus qui quelqu'un part est différent de celui "d'étudiant". Du coup, certaines amitiés ne perturent pas une fois que l'on sort de ce cadre. Mais là aussi, tout dépend des activités qu'on a menées sur place.

    Ce cadre qui fait de l'erasmus une expérience ponctuelle et unique, je l'ai finalement rompu grâce à mes amitiés avec les habitants locaux. Ils sont venus me revoir par la suite en Belgique et je suis également revenu à Murcie par leur biais. Pour finalement y retourner cette année pour y travailler avec la bourse Leonardo.

    Alors oui, au final, j'ai dépassé mes préjugés, les barrières linguistiques et culturelles pour devenir une citoyenne européenne? en tout cas une citoyenne belgo-espagnole. Et sans nul doute, cette nouvelle identité me fait voir le nationalisme de façon bien différente. Je me sens parfois effectivement plus proche de certains espagnols que de belges. Du coup les frontières géographiques perdent pour moi de leur sens.

    Je me rends évidemment compte, pour vivre de nouveau avec une erasmus polonaise cette année, que l'Europe est très grande et que les nombreux points communs entre la Belgique et l'Espagne ne sont pas les mêmes que ceux qui existeront avec d'autres pays. Du coup, puis-je vraiment prétendre être citoyenne européenne? Connais-je assez les autres pays qui m'entourent même si j'y suis passé que lors de vacances?

    Je crois que les valeurs que j'ai acquises durant mes deux expérience - en tant qu'erasmus puis en tant que stagiaire Leonardo - me pousse à me considérer comme une citoyenne du monde, non seulement européenne, et que ma vision est une vision sans frontière, qui correspond finalement à une vision européenne.


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