Expérience Erasmus à Rome

Souvenirs de mon expérience Erasmus à Rome

Tout à commencé en 2013, lorsque j'ai décidé de faire mon séjour en Erasmus quelque part en Italie. À vrai dire, au départ je n'arrivais pas à choisir entre la Belgique et Bologne. Certaines de mes connaissances étaient parties en Belgique et ne m'avaient pas vraiment parlé positivement de ce pays. Il avaient trouvé les Belges trop sérieux et l'université trop difficile, même pour les étudiants natifs qui avaient du mal à valider leur année. J'ai alors plutôt opté pour Bologne.

Cependant, le jour même de la fermeture des inscriptions pour choisir les destinations, mon petit ami m'a annoncé qu'il avait décidé de venir avec moi en Erasmus. Notre relation avait tout juste un an à ce moment-là mais il voulait vivre cette expérience avec moi. Le problème est qu'il ne pouvait pas choisir Bologne car elle ne faisait pas partie de ses destinations possibles. Nous avons alors tous les deux choisi Rome. Nous n'étions pas sûr d'avoir assez de chance pour obtenir tous les deux cette destination mais nous avons été agréablement surpris lorsque les listes définitives sont sorties en janvier et que nous avons vu que nous étions tous les deux inscrits pour partir à Rome.

J'ai pleuré de joie car, même si je pensais aller à Bologne au départ, je préférais Rome car je ne l'avais jamais visitée entièrement et comme c'est une ville empreinte de culture et de beauté, je savais que nous allions pouvoir en découvrir les moindres recoins pendant un an. Jamais j'aurais cru avoir tort en pensant que je pourrais la connaître par cœur. Il est vrai que l'on peut se perdre dans les moindres recoins de cette ville sans fin mais finalement, un an ne suffit même pas pour visiter tous ses musées, la parcourir du nord au sud et d'est en ouest. On n'a pas le temps de faire autant de choses en un an, il en faudrait au mois trois pour connaître la ville vraiment entièrement.

L'aventure a commencé en août de cette même année, lorsque nous sommes allés à Sienne pour suivre le cours intensif d'italien afin d'être prêts une fois arrivés à Rome. J'étais vraiment très enthousiaste d'y aller. De plus, j'avais obtenu mon permis de conduire la veille du départ, ce qui me donnait encore plus d'entrain pour y aller. Une fois arrivés à Madrid, je suis redescendue sur Terre lorsque que je me suis fait voler mon portefeuille avec tout l'argent que j'avais emmené et tous les documents et cartes nécessaires pour mon séjour à l'étranger. Avec l'aide de mon petit ami Juanjo, j'ai réussi à remédier à la situation et à aller à Sienne, mais une partie de ma joie s'était envolée.

Cependant, je savais déjà que tout n'est pas toujours rose. Lorsque l'on vit une telle expérience, il y a toujours des moments de désillusions, des pertes d'envie et des coups de blues pendant lesquels vous vous dites que vous auriez préféré rester chez vous, mais c'est justement ce qui vous forge. À partir de ce moment, j'étais beaucoup plus sur le qui-vive et je surveillais tout ce qui m'entourait car j'étais déjà en Italie et non plus à Grenade.

Sienne est une très petite ville, pleine de culture et de traditions telles que la course du Palio, à laquelle nous avons pu assister car nous y étions à ce moment-là. Ils ont également une tradition viticole très développée, et nous qui aimons le vin ne pouvions pas rêver mieux. Nous avons eu d'excellents enseignants d'italien et ce mois a été très intense.

Nous sommes rentrés à Grenade et avons tout préparé pour aller vivre cette expérience unique que l'on ne vit qu'une fois dans sa vie. Ensuite, on peut en vivre d'autres qui y ressemblent mais qui n'égaleront jamais une expérience Erasmus.

Nous sommes arrivés à Rome le 10 septembre. La première impression que j'ai eue, comme n'importe quel touriste je suppose, est une sensation d'étouffement. C'est une ville très tumultueuse, remplie de monde, avec des tas de voitures circulant sans respecter les feux de signalisation, des touristes dans toutes les rues et de nombreux vendeurs ambulants proposant des objets aux étrangers. En arrivant, nous avons pris le métro jusqu'à « Piramide », arrêt se situant à côté de l'appartement que j'avais cherché pendant des mois, qui lui se trouvait dans le quartier de Testaccio à côté de celui de Trastevere. Nous avons cherché un bon moment l'appartement avant de finalement réussir à le trouver. C'était un appartement assez grand et idéal pour nous. Le seul problème est qu'il n'y avait qu'une seule salle de bain et que nous vivions en colocation avec le propriétaire. Il était membre de la ESN, l'association qui organise des activités pour les étudiants Erasmus. Il paraissait gentil mais tout se compliquait lorsqu'il fallait partager des moments avec lui pendant la semaine. Nous ne savions pas s'il fallait que nous changions d'appartement. Nous sommes finalement restés car il se situait dans un bon quartier, nous avions une grande chambre et parce que nous avons ensuite appris que le propriétaire partirait en Angleterre un mois après.

Avant de commencer les cours à l'université, nous avons donc découvert les lieux incontournables de Rome, les fameuses glaces italiennes, les pizzas et nous avons profité du soleil.

Lorsque les cours ont commencé, je me suis rendue compte que le film des douze travaux d'Astérix et Obélix que je regardais quand j'étais plus jeune et qui critiquait la bureaucratie italienne, avait totalement raison. Je n'ai jamais été autant stressée de ma vie lorsque j'ai dû m'occuper de la paperasse et me mettre en relation avec les enseignants. Mais au bout de deux mois passés sur place, vous vous détendrez et vous habituerez. Les premiers mois ont été intenses, j'avais un emploi du temps horrible et je n'avais même pas le temps d'arriver à l'heure aux cours dans d'autres salles car ils se situaient tous dans des bâtiments différents, séparés par 20 minutes de marche chacun.

Mais j'adorais quand même l'université. Les enseignants ne dispensaient pas des cours magistraux typiques où l'on ne fait que recopier des notes, comme c'est le cas pour certaines matières de l'université de Grenade. La majorité d'entre eux étaient des enseignants italiens qui avaient vécu en Espagne ou qui avaient des proches espagnols. Là-bas, les cours sont très interactifs, la participation est très valorisée et l'apprentissage est facilité par la mise en relation des nouveaux concepts avec les anciens. Ce qui pouvait paraître au début presque impossible, tel que les examens oraux, finissait finalement par être bénéfique. Lors des examens oraux, l'enseignant vous pose des questions sur les concepts fondamentaux de la matière puis vous laisse ensuite vous exprimer. Vous passez alors un oral sans même vous en rendre compte.

Le point à retenir pour les examens : il y a trois dates pour chaque examen officiel. Vous pouvez alors choisir celle qui vous convient le mieux ou même aller aux trois si vous avez eu des résultats insatisfaisants aux précédents. Concernant la légende comme quoi les étudiants Erasmus en Italie ont toujours de bonnes notes facilement, je peux vous assurer que ce n'est pas du tout le cas, du moins à l'université de Rome « La Sapienza ». En effet, je n'ai jamais lu autant de livres de toute ma vie. Mais les efforts sont toujours récompensés. Je trouve que les meilleurs enseignants de littérature que j'ai eus sont ceux d'Italie. Cette expérience m'a appris à étudier de manière différente et à connaître une autre façon de me focaliser sur les matières, ce qui me servira également pour mon avenir professionnel, lorsque je serai à mon tour enseignante. J'ai aussi pu apprendre à parler encore mieux italien et me présenter au niveau B2 de la certification PLIDA. C'est aussi pour cela que je suis si heureuse d'avoir vécu cette expérience.

Une autre légende célèbre : les Espagnols restent entre eux. Ce n'est pas qu'une légende et rien que d'y penser, j'en avais déjà marre de devoir toujours sortir boire et faire la fête avec des Espagnols. Je ne le fais même pas dans mon propre pays car ce n'est pas mon truc, et je voulais de toute façon vivre mon expérience Erasmus d'une autre manière. Je n'avais pas beaucoup d'argent car la bourse Erasmus n'est pas très élevée et Rome est une capitale et ville très chère, surtout en ce qui concerne les loyers. J'ai donc décidé de vivre mon expérience de la manière suivante : ne pas sympathiser seulement des Espagnols puisque j'allais à l'étranger en Italie pour apprendre l'italien. Je me suis donc fait plusieurs amis italiens, une amie suisse, une amie allemande portant le même prénom que moi venant d'une famille italienne, et deux amies espagnoles que sont devenues mes meilleures amies d'Erasmus.

Et je voulais surtout voyager. Quand aurais-je eu l'occasion de voyager autant si ce n'était pas pendant mon année Erasmus? Je savais que je le ferai surtout au deuxième semestre, accompagnée du soleil. Tout d'abord, je voulais connaître Rome sur le bout des doigts, car c'était bien pour cette raison que j'avais choisi d'aller dans une telle ville. J'ai visité les monuments principaux comme la fontaine de Trevi, la place d'Espagne, la Piazza Il Popolo, le quartier de Trastevere, la sculpture Bocca della Verità (littéralement, « bouche de la vérité ») et le Panthéon. Il y avait cependant des jours où je voulais découvrir les recoins de Rome qui n'étaient pas remplis de touristes et qui n'en étaient pas moins magiques. J'ai ainsi découvert des rues pittoresques empreintes d'histoires, que la majorité des touristes ne connaissent pas. En effet, à Rome, même lorsque vous passez par des petites ruelles salles et malodorantes, remplies de chats et de poubelles, vous pouvez quand même apercevoir au bout de la rue une statue de Bernini devant une façade de la Rome antique ou bien n'importe quel autre monument. Rome est un musée à ciel ouvert mais tout le monde parcourt ses rues comme si de rien n'était, habitués à passer tous les jours devant les monuments. L'un des endroits qui m'a le plus impressionnée et qui se situait à seulement cinq minutes à pied de chez moi était le Jardin des Orangers, où j'ai admiré les plus beaux couchers de soleil de la ville et assisté à quelques mariages. J'ai découvert tout cela en compagnie de mon grand amour, Juanjo, car ce qui nous rapproche le plus est notre passion pour les voyages et la découverte de nouvelles choses.

Depuis Rome, nous en avons aussi profité pour aller découvrir le reste de l'Italie. Parmi les lieux que j'ai le plus adorés, il y a sans hésiter l'île de Capri, le lac de Côme, le lac Trasimène, Trieste, Sienne, Bologne, et Pérouse lors de la fête du chocolat. Je me suis aussi évadée dans des endroits proches comme Lucerne et Zurich en Suisse, pour aller rendre visite à notre amie que nous avions connu en Erasmus et profiter des beaux paysages suisses. Nous sommes ensuite allés à Prague, car on m'avait toujours dit que c'était une ville digne d'un conte de fées, et j'avais très envie d'y aller. Et ils avaient raison : c'était magnifique.

Parmi mes souvenirs à Rome que je chéris le plus, il y a l’apéritif à la romaine, qui consiste à commander un cocktail accompagné d'un buffet à volonté d'amuse-bouches. J'allais toujours avec mes amis au Momart, et j'adorais commander le BBC et manger de la pizza au feu de bois. J'aimais aussi le fait de se promener à Rome sans aucun plan prédéfini puis de faire ce qui nous passait par la tête. C'est ainsi que nous nous sommes un jour retrouvés dans une zone où ils louaient des Vespas et que nous avons décidé d'en louer une rose pour nous promener à travers la ville. Nous avons roulé jusqu'au Tibre, et nous nous sommes arrêtés dans le quartier de Trastevere pour prendre une glace à la pistache sur la Vespa, me donnant ainsi l'impression d'être dans le film « Vacances romaines ». Ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire. Je me souviens aussi avec mélancolie de tous les mois pendant lesquels j'économisais de l'argent pour pouvoir voyager. Il y avait également le fait qu'au début, je pensais ne jamais pouvoir tenir une conversation en italien et finalement , avec la pratique, je parlais pendant des heures avec des italiens de tout et n'importe quoi, car même si vous ne savez pas quelque chose, ils vous aident et vous leur rendez la pareille. Je me rappelle aussi les glaces que l'on mangeait en toute saison, les promenades dans les rues le pantalon trempé à patauger dans les flaques tout en cherchant un abri lorsqu'il pleuvait des cordes de temps à autre dans la ville.

Même si Rome est une ville tumultueuse, y vivre pendant un an est une expérience magique. Il s'agit d'une ville remplie de contradictions. Vous serez amenés à la détester parfois et même si vous y aurez passé de mauvais moment à cause des vols, de l'administration et de la manière dont ils conduisent, vous serez comme moi, vous ne pourrez vous empêcher de sourire en vous rappelant votre vie là-bas. Je souris pour tous ces moments de rire, de stress et de gamineries. J'ai pu profiter du soleil dans les jardins de la Villa Borghèse, j'ai appris à prendre des notes en italien et j'arrivais à aller à l'université même quand le métro ne fonctionnait plus une demi-heure avant le début des cours. Je me rappelle aussi tous les jours passés sans dormir car les Italiens organisaient des fêtes dans mon appartement.

C'est une expérience qui vous apprend à valoriser chaque instant de votre vie ainsi que la compagnie de personnes vraiment exceptionnelles (dans mon cas celle de mon petit copain et de mes meilleurs amis) lorsque vous vous retrouvez seuls dans une ville comme celle-ci. Vous vous rendez compte combien la nourriture espagnole vous manque : la vinaigrette, les ragoûts en hiver et surtout le bon pain, les tortillas aux pommes de terre et le jambon Serrano. En Erasmus, vous apprenez aussi à économiser et la valeur de l'argent pour pouvoir faire ce que vous avez envie. Et avec les Italiens, vous apprenez à être rusés car ils en savent parfois un peu trop.

Pour tous ces souvenirs et tout ce que j'ai vécu là-bas, j'espère un jour retourner à Rome, la ville éternelle, celle qui est l'exemple même de ce qu'est la vie. J'espère retourner dans cette ville qui m'a tout fait voir sous un autre angle et m'a fait comprendre qu'il faut se soucier de ce qui nous importe vraiment et profiter de tout ce qui nous entoure.

Adieux Rome...

Lorena Martín García

Diplôme en Philologie hispanique

Université de Grenade