« If you’re lucky enough to be Irish, you’re lucky enough »
Si l’écriture de ce rapport de séjour s’est avérée être une tâche plutôt excitante, sa finalisation ne s’est pas faite sans nostalgie. Cette troisième année hors des murs de Sciences Po s’est révélée être une expérience merveilleuse, qui a de loin dépassée mes espérances. J’espère donc réussir à traduire dans ce rapport l’enthousiasme et la gaité qui n’ont cessé de m’animer ces 8 derniers mois. J’espère également pouvoir au travers de ces quelques pages convaincre un étudiant encore indécis et finir de persuader un étudiant presque décidé du bonheur que lui réservent Trinity College, la ville de Dublin et plus généralement l’Irlande. Avant de poursuivre, il me faut avouer que l’affection sincère que j’éprouve pour l’Irlande et les Irlandais ne remonte néanmoins qu’à septembre. En effet, avant d’atterrir à Dublin au début de l’année universitaire, je n’y avais jamais mis les pieds. Même si mes amis partis en Asie ou en Amérique du Sud reprochaient à cette destination de ne pas être assez « exotique » et donc à mon choix d’être « trop facile », partir en Irlande représentait pour moi un véritable saut dans l’inconnu. Pour autant, il avait été murement réfléchi.
Afin d’inscrire au mieux cette troisième année au sein de mon projet professionnel et personnel, j’avais décidé d’orienter tous mes choix vers des universités situées en Ireland ou au Royaume-Uni. Née à Strasbourg, j’ai toujours baigné dans une culture européenne et plus particulièrement allemande. Résolue à faire une année de césure après ma première année de master dans un pays germanique, j’ai donc fait le choix de profiter de cette troisième année pour améliorer ma maitrise de l’anglais. Or quel meilleur cadre pour cela que les îles britanniques dont les universités sont mondialement connues non seulement pour être des centres d’excellence académique mais aussi des vitrines sans pareil de la culture anglo-saxonne. De plus j’étais convaincue, et non à tort, que le contexte politique actuel très tendu, dont le Brexit et le référendum au sujet de l’avortement en Irlande ne sont que les expressions les plus connues, ne manquerait pas de susciter ma curiosité. A cet égard, l’émulation intellectuelle présente à Trinity a dépassé mes espérances. Cependant choisir Trinity College, c’était aussi et avant tout choisir une ville : Dublin et un peuple : les Irlandais. C’est sans exagération que je peux affirmer m’être sincèrement éprise de l’une comme de l’autre. Avant de vivre à Paris, je vivais en Alsace dans un village de 1500 habitants. Retrouver une ville à taille humaine et interagir quotidiennement avec des habitants dont la bienveillance n’a d’égal que l’humour a été un véritable bonheur. Enfin il m’est impossible de dresser un tableau complet de cette année sans rendre à ce beau pays qu’est l’Irlande, l’éloge qu’il mérite. L’Irlande ne peut et de ne doit être réduite à ces paysages magnifiques. De l’histoire encore brulante qui anime les rues de Belfast aux diverses célébrations sportives et artistiques qui unissent du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est tout un peuple, l’Irlande recèle de mille et un paradoxes.
Avant de m’attarder de façon plus détaillée sur la dimension comparative de mon expérience, il me semble important de décrire dans un premier temps mon expérience universitaire ainsi qu’extra-scolaire. Au temps de la description succédera donc dans un second temps celui de l’analyse. Enfin dans un dernier temps, c’est non sans difficulté, que j’essaierai une prise de distance par rapport à cette expérience afin d’en dégager les principaux apports.
1. Description de mon expérience
1. 1 Description du cursus universitaire
1. 1. 1 Organisation et description du système éducatif
Tout comme à Sciences Po, l’année comporte deux semestres composés de 12 semaines de cours et entrecoupés par une semaine de « vacances »: la reading week. Cependant la particularité de Trinity tient au fait que l’intégralité des examens finaux se déroulent à la fin de l’année et non à la fin de chaque semestre. Ces examens, ainsi que la période de révision qui les précède constitue un semestre à part entière : Trinity term.
Avant le début du Michaelmas Termse déroule la semaine considérée comme la plus excitante de l’année à Trinity : la Fresher Week. Au cours de cette dernière, les 50 clubs(sports) et les 121 societies (associations) ne t’arrisent d’efforts pour vous convaincre de les rejoindre. J’ai personnellement rejoint :
Cette semaine marque également le moment du choix des cours. Bien moins stressant que les inscriptions pédagogiques à Sciences Po, ce processus s’avère néanmoins bien plus complexe et bien plus long. Si toutes les informations nécessaires vous seront données lors des réunions d’information, le schéma qui suit pourrait toutefois vous aider à y voir plus clair.
1. 1. 2 Matières choisies
Affiliée au département d’affaires européennes, mon choix de cours était très libre. J’ai donc fait le choix de suivre des cours au sein de 5 départements différents. N’ayant eu que très peu de cours sur l’Europe, voir aucun sur l’Union Européenne au cours de mes études, j’ai choisi trois cours sur ce thème au sein des History, Economic et Political Sciences Departments. En parallèle, j’ai suivi respectivement deux cours au sein du Social Policy Department et un au sein du Classics Department.
Chaque matière comprend un à deux cours magistral (lectures) et potentiellement des conférences (tutorials) dont le nombre ainsi que la régularité varient d’un cours à l’autre. Qu’il s’agisse d’un cours magistral ou d’une conférence, l’un comme l’autre dure seulement 50 minutes. Eu égard à la durée très limitée des cours, la plupart des enseignants attendent de leurs étudiants qu’ils effectuent des readings chez eux, auxquels ils feront plus au moins référence dans leur cours.
Mythology and religion : Latiniste de la 5ème à la Terminale, je n’avais malheureusement pas pu suivre les cours de latin proposés par Sciences Po. J’espérais donc avec ce cours retrouver une matière qui me manquait et je n’ai pas été déçue. La première partie du module se concentre sur des thèmes tels que les mythes de création, les caractéristiques des dieux olympiens, les héros et leurs opposants monstrueux, les relations divines-humaines et les mythes relatifs à la célèbre guerre de Troie. La seconde moitié quant à elle explore la nature de la religion grecque et romaine ancrée dans un contexte social, politique et culturel précis. Si on peut reprocher aux cours magistraux leur caractère très général, chaque conférence se concentre sur un point précis du cours. C’est au cours de ces dernières que j’ai pu avoir avec ma professeure les échanges les plus passionnants de mon année.
European Union Politics : La première partie du module s’attache au processus de prise de décisions au sein de l’UE, en portant un intérêt particulier aux institutions européennes et aux rapports que ces dernières entretiennent entre elles. La deuxième partie du cours est bien moins théorique, consistant en une étude des différentes politiques publiques ainsi que de ses acteurs. Là encore, on peut reprocher aux cours magistraux de rester très généraux. Néanmoins j’ai apprécié l’ancrage du cours dans l’actualité notamment en ce qui concerne les différentes politiques publiques abordées. J’ai également suivi avec un intérêt particulier la partie du cours qui s’attardait sur le lobbying, dans la mesure où cette question reste très peu abordée en France.
German: Craignant de ne perdre mon allemand, si j’étais amenée à ne pas le pratiquer pendant un an, j’ai décidé de suivre un cours de langue en allemand. Ce cours m’a beaucoup plu car en plus de me permettre d’améliorer notamment ma maitrise de la grammaire allemand et d’acquérir plus de vocabulaire, j’ai pu m’essayer à la traduction, exercice que je n’avais jusqu’alors que très peu pratiqué. De plus, eu égard au nombre d’élèves très réduit (seulement 10 personnes), j’ai pu tisser de véritables liens avec des Irlandais, chose à mon grand regret beaucoup plus difficile à faire lors des cours magistraux.
The European Economy : N’ayant suivie aucun cours d’économie en deuxième année à Sciences Po, je souhaitais en suivre un à Trinity. J’ai choisi ce cours en particulier car il présentait une dimension européenne. Si la première partie du module ne représentait aucune difficulté particulière car davantage de l’ordre de l’histoire de l’économie européenne que d’un cours d’économie à proprement parler, la seconde partie était beaucoup plus complexe. Traitant de la politique commerciale et monétaire de l'UE, de l'euro et des effets de la libéralisation commerciale préférentielle, je déconseille ce cours à quiconque n’ayant une appétence prononcée pour l’économie. Néanmoins, bien que difficile je ne regrette pas d’avoir choisi ce cours, car il m’a permis de développer de manière significative ma compréhension de l’actualité économique européenne.
Continental Europe since 1918: Ce module est un cours d’histoire assez classique qui fournit une vision globale de l'histoire de l'Europe moderne depuis le début du XXe siècle et des fondements de l'Europe contemporaine. Il explore la reconstruction et le relèvement de l'Europe après 1945. Il s’attarde tant sur le caractère divisé du continent que sur les mouvements et les défis de l’unité européenne. L’intérêt du cours repose selon moi sur le mouvement de balancier entre certains cours magistraux très généraux qui offrent une dimension comparative et transnationale et des cours dont l’objet est beaucoup plus précis qui permettent de rentrer dans la mesure du possible (50 minutes de cours) davantage dans le détail.
Gender, Reproductive Health and Policy : Ce module propose un aperçu comparatif de l'élaboration et de la mise en place de politiques de santé génétique et de procréation. Il invite à réfléchir aux façons dont la perspective du relativisme culturel influence les discussions et les décisions sur la santé reproductive. C’est sans conteste, le cours qui m’a le plus passionnée à Trinity. La professeure nous invitait à développer notre réflexion critique au cours de débats hebdomadaires en petit groupe. Contrairement aux autres cours que j’ai pu suivre l’enseignante attendait de nous une quantité de readings très conséquente (100 pages au minimum par semaine). Les textes choisis étaient plus intéressants les uns que les autres et permettaient véritablement lorsqu’ils étaient lus avec attention de pouvoir mener des débats captivants en classe. Ce cours m’a également permis de développer un avis plus éclairé sur la question de l’avortement. Un sujet d’actualité brûlant, eu égard à la tenu le 25 mai prochain du referendum sur l’avortement.
Youth and Society : S’appuyant sur des recherches liées à la sociologie, à la criminologie ou encore à la psychologie, ce module se concentre sur des approches théoriques clés pour comprendre la place de la jeunesse ainsi que sa représentation au sein de la société irlandaise et plus généralement occidentale. Ce cours explore comment les forces sociales et économiques influencent la vie et l'expérience des jeunes en général et des jeunes marginalisés en particulier. J’ai apprécié l’ancrage de ce cours dans le contexte de la société irlandaise, car j’ai découvert beaucoup d’éléments sur le contexte socio-économique irlandais que je ne soupçonnais pas. De plus, la professeure accorde une grande importance aux données statistiques, et ne cesse de donner des exemples et des faits chiffrés pour appuyer chacun des arguments présentés.
1. 2 Expériences extra-scolaires
1. 2. 1 Bénévolat à l’Alliance Française
En parallèle des cours à Trinity, j’ai obtenu un poste de stagiaire bénévole à l’Alliance Française de Dublin. L'objectif de l'Alliance Française est de promouvoir la culture française, ainsi que de fournir un espace pour les échanges interculturels entre l'Irlande et les cultures du monde francophone. J’ai participé à la tenue de plusieurs évènements culturels tels que le festival du film français ou le festival de littérature franco-irlandaise pour ne citer qu’eux.
1. 2. 2 Membre de l’équipe nationale de quidditch
Ayant toujours aimé les sports de balles et les nouvelles découvertes, j’ai décidé de m’essayer un dimanche matin d’octobre au quidditch. Absolument non familière avec l’univers d’Harry Potter j’ai découvert ce sport ainsi que ses règles lors du premier entrainement. Opposant deux équipes de sept joueurs équipés de balais et joué sur un terrain ovale, le but d'un match est d'obtenir plus de points que l'autre équipe en marquant des buts dans des anneaux, avant que le vif d'or ne soit attrapé.
Bien qu’encore peu connu et peu pris au sérieux, ce sport ne cesse de se développer et de s’officialiser. Des équipes fleurissent aux quatre coins du monde. J’ai pu rejoindre après quelques entrainements officiellement l’équipe de Dublin (Dublin Dragons) et gagner avec eux la coupe d’Irlande en janvier dernier. Cette même équipe s’est d’ailleurs envolée début mai pour les championnats d’Europe et s’apprête à repartir en juin pour les championnats du monde.
2. Dimension comparative de mon expérience
2. 1 Expérience personnelle de confrontation avec « la différence »
J’ai déjà évoqué en introduction l’incompréhension de la part de certains amis, voir d’une partie de ma famille, quant à ma décision de partir en Irlande. Ces derniers me reprochaient de choisir un pays si proche de la France où selon eux je n’avais aucune chance d’être dépaysée. Avant même de mettre les pieds sur le sol irlandais, j’étais persuadée qu’ils se trompaient. Après 8 mois ici, j’en suis désormais convaincue. L’Irlande diffère sur de nombreux points par rapport à la France, tout comme les Irlandais et leur façon de vivre se distinguent de celle des Français. Bien que de nombreux aspects de la culture irlandaise rappellent tant ceux présents dans la culture anglo-saxonne que dans celle d'autres pays européens à prédominance catholique, j’ai pu observer au cours de cette année certains traits aussi typiques que uniques à la culture irlandaise. Avant de m’attarder sur ces quelques traits, il est important de rappeler que la vie quotidienne des Dublinois est très différente de celle des habitants des campagnes. Si Dublin est l'une des villes les plus cosmopolites d'Europe, lorsqu’on s’éloigne de la capitale, on se retrouve très vite dans des contrés quasi inhabitées qui n’ont rien à voir avec cette vie citadine. Néanmoins, sans tomber dans l’essentialisation, je pense qu’il est possible de noter des éléments qui sont communément partagés par un grand nombre d’Irlandais.
L'Irlande est un pays majoritairement catholique et bien que les tensions se soient considérablement calmées entre protestants (qui ont tendance à vivre dans le nord de l'Irlande et en Irlande du Nord) et catholiques (traditionnellement dans le sud), il vaut mieux être prudent lorsqu’on aborde ce sujet. Jusqu'au début des années 1990, l'église avait une voix très forte dans la société ainsi qu’en politique. Le divorce par exemple n’a été légalisé qu’en 1995. Ce rôle a cependant diminué et on constate aujourd’hui un fossé d’abord de générations et dans une moindre mesure géographique. Si l'anglais est évidement la langue principale en Irlande, le gaélique est présent dans la vie quotidienne (nom des stations de transport en commun, panneaux de signalisation). L’importance accordée par l’Etat au gaélique n’a rien à voir avec celle apporté aux langues régionales en France.
Les Irlandais sont très fiers de leur patrimoine et ne manquent sous aucun prétexte une occasion, qu’elle soit sportive, artistique ou historique pour le célébrer, en témoigne l’engouement de ces derniers lors de la Saint Patrick par exemple. L’image d’un Irlandais, assis au bar d’un pub, bercé par le son de la musique live, arborant à la main droite une pinte de Guinness relève plus de la règle que du cliché. L’amour des Irlandais pour les pubs et la bière dépasse en effet largement les rues bondées de touristes de Temple Bar. Aussi reculé soit-il, il ne semble exister en Irlande aucun endroit où l’on ne trouve pas de pubs. Dans un pub, il est assez commun de se faire interpeller par une blague ou une remarque tout à fait bienveillante. Les Irlandais témoignent également d’un plaisir certain à écouter mais aussi à raconter des anecdotes et des histoires. Ils sont également très passionnés par leurs sports traditionnels tels que le Hurling, le football gaélique et le handball. Qu’ils se retrouvent dans un pub ou dans un stade, c’est avec autant de ferveur que de respect pour leurs adversaires que les Irlandais soutiennent leur équipe nationale ou locale.
Par rapport aux Parisiens, les Dublinois sont ou du moins paraissent moins stressés. Ils semblent jouir d’un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ils commencent généralement à travailler à 9 heures du matin et finissent le travail à 17 heures. La ville de Dublin plus généralement ne vit pas au rythme de celle de Paris. S’il est difficile de dire si les Dublinois se lèvent plus tôt que les Parisiens, ils se couchent bien moins tard. À mon grand plaisir, les gens apprécient diner tôt, dès 17h30 la plupart des restaurants proposent des early bird menus et les bars/clubs ouvrent dès 18h. Alors qu’à Paris, il est commun d’arriver à sa soirée avec le dernier métro de minuit 30, il est quasiment impossible de réussir à rentrer dans une boite de nuit à cette heure là.
Dublin a été élue quatrième ville d'Europe après Londres, Paris et Rome et est l'une des capitales considérée comme les plus accueillantes du monde. C'est cependant une ville de contrastes, contrastes matérialisés par le fleuve le Liffey qui sépare la ville en deux. Si le Nord de Dublin est davantage populaire, le Sud de la ville à l’inverse se caractérise par son élégante architecture géorgienne. Dublin est une ville à taille humaine, suffisamment petite pour se déplacer presque exclusivement à pied, tandis que le tramway et le système de trains offrent d'excellentes liaisons de transport avec les alentours. Dublin est une ville globalement très sûre, où il y fait bon de s’y balader de jour comme de nuit. Toute chose égale par ailleurs, il est très rare de se faire importuner dans les rues de Dublin. Si malheureusement à Paris les remarques déplacées sont monnaie courante, en 8 mois je n’ai fait l’objet que d’une seule remarque déplacée dans la rue et elle venait d’un touriste français.
2. 2 Analyse du système universitaire
Ayant déjà abordé partiellement les différences entre le système universitaire français et irlandais pour ce qui est de l’organisation de l’année scolaire, du processus du choix des cours, de la durée des cours et des lectures obligatoires, je me concentrerai sur deux points non-évoqués jusqu’alors : le système d’évaluation (marking scale) et le caractère très horizontal de la transmission du savoir.
Contrairement au système français où les notes vont de 0 à 20 en Irlande, ces deniers s’étendent en principe de 0 à 100. Néanmoins, il faut préciser que par rapport aux Etats-Unis où l’on peut également retrouver ce système de pourcentage, en Irlande les notes ne s’étalent dans les faits de 40 à 70. Pour valider un module il faut avoir au moins 40%. L’obtention d’un 40% étant relativement aisé, comme à Sciences Po la validation finale dépend de la validation de chaque module et non de la moyenne totale. Cependant, contrairement à Sciences Po où il est possible pour un devoir sérieux d’obtenir un 16, il est extrêmement difficile à Trinity (du moins en sciences sociales) d’obtenir un First.
A la différence de Sciences Po et du système français en général, les élèves entretiennent un rapport bien moins vertical et une relation beaucoup plus informelle avec leurs enseignants. Il n’est pas rare d’entendre en cours magistral un étudiant interpeller un enseignant par son prénom pour lui poser une question. De même lors des conférences, les étudiants n’hésitent pas à poser la moindre question, quand bien même celle-ci concerne un élément de méthodologie expliquée mainte fois par l’enseignant et dont la réponse figure clairement sur le PowerPoint de ce dernier.
Ce point de différence a fait l’objet de nombreuses discussions entre Français, si nous nous avouions parfois choqués par l’attitude de certains élèves, nous saluons l’aisance et la spontanéité avec laquelle les Irlandais s’expriment, deux qualités qui manquent souvent aux étudiants français.
3. Apport de mon expérience
3. 1 Connaissances et compétences
En introduction j’affirmais mon souhait d’en apprendre davantage sur la culture irlandaise et ce souhait n’est pas resté lettre morte. N’ayant que 12 heures de cours par semaine et Trinity College étant situé au cœur de Dublin, j’ai profité de cette liberté « spatiale et temporelle » pour visiter les musées de Dublin. De la National Gallery, au Dublin Writters Museum, en passant par la prison de Dublin, sans oublier la célèbre Guinness Storehouse, j’ai essayé de profiter un maximum de la riche vie culturelle de Dublin. J’ai également eu la chance de rencontrer lors d’une randonnée organisée par la Hiking Society de Trinity un Irlandais étudiant en Music and Drama, avec qui j’ai pris l’habitude de déjeuner toutes les semaines. Ce déjeuner hebdomadaire était pour moi une occasion sans pareille de lui poser toutes mes questions sur la société irlandaise dont seul un Irlandais peut avoir les réponses.
Pour ce qui est des compétences à proprement parler, j’ai évidemment au cours de cette année améliorer ma maitrise de l’anglais. Si mon accent continue à me trahir avant même que je n’ai terminé de prononcer ma phrase, les diversreadingsainsi que les essaysque j’ai eu à rendre m’ont permis de considérablement améliorer mon anglais écrit. J’ai également appris à mieux m’organiser dans mon travail. La faible quantité d’heures de cours induit un travail plus important à la maison. Partisane des devoirs dernières minutes à Sciences Po, j’ai pour la première fois de ma vie organiser mon travail de façon à ne jamais être surmenée et à pouvoir toujours me dégager du temps pour voyager, passer du temps entre amis, faire des sorties culturelles, lire et faire du sport.
3. 2 Un éclairage pour mon orientation académique et professionnelle
Mon choix de cours très hétéroclite m’a permis non seulement d’approfondir mes connaissances relatives aux Gender Studieset à la mythologie mais également d’appréhender des matières déjà connues telles que l’économie, l’histoire et la science politique depuis une échelle nouvelle : l’échelle européenne. Si j’éprouve depuis longtemps un réel sentiment d’appartenance à l’Union Européenne, qui dépasse largement mon origine strasbourgeoise et mon attrait tant pour la langue anglaise qu’allemande, c’est cette année d’échange hors des murs de Sciences Po qui m’a permise de me décider pour le Master affaires européennes. L’intérêt pour les différents cours que j’ai pu suivre à Trinity m’a permis de prendre conscience de ma préférence pour une perspective plus globale que nationale.
Bien qu’il me soit difficile d’établir d’ores et déjà un projet professionnel précis j’ai néanmoins une quasi-certitude : je souhaite exercer une profession dans le secteur publique. C’est pourquoi j’ai l’ambition de candidater à la préparation des concours de la haute fonction publique européenne, à savoir le concours d'Administrateur organisé par EPSO. Mon choix de spécialité se porte vers administration publique, eu égard à la formation d’excellence qu’elle offre pour la préparation des concours de la haute fonction publique européenne.
Conclusion
Avant de conclure, je tenais à préciser que si ce rapport de séjour peut apparaître exagérément positif, voir même dithyrambique, ceci n’est pas dû à une volonté délibérée de rendre cette année plus merveilleuse qu’elle n’a été pour impressionner le lecteur, mais au fait que Trinity College Dublin est objectivement un très bon choix pour l’année hors des murs de Sciences Po et que ce choix m’a de manière individuelle et subjective parfaitement convenu. Parmi tous les élèves de Sciences Po qui ont passé leur année ici, les expériences ont été très différentes. Le degré de satisfaction quant à la qualité des cours, du logement, de la nourriture mais également le degré d’adaptation au rythme de vie, à la météo et à la façon d’interagir des Irlandais ont été très divers. J’ai passé une année fabuleuse et tous mes souhaits ont été comblés au delà de mes espérances, mais ceci n’engage évidemment que ma personne.
J’ai choisi Trinity College en raison de son excellence académique et de sa vie associative riche. J’ai été globalement ravie des cours que j’ai pu suivre, enchantée par tous les évènements qui avaient lieu sur le campus et passionnée par certaines discussions que j’ai pu pour avoir avec des camarades. J’ai choisi Dublin parce que je voulais vivre dans une ville à taille humaine cosmopolite avec en parallèle une véritable identité culturelle. Le retour à Paris approchant à grand pas c’est avec nostalgie que je pense à mes 6 km de marche quotidien, aux balades à vélo et au fait que je n’avais à prendre les transports qu’une fois par mois. C’est non sans regret que je laisserai ici le plaisir du lundi matin de commencer ma semaine par un irish breakfast et celui des soirées d’hiver d’aller se réchauffer dans un pub. J’ai choisi l’Irlande, car je voulais vérifier par moi-même si les supporters irlandais méritaient leur titre de meilleur supporter lors de la coupe du monde de football 2016. Là encore c’est sans l’ombre d’un doute que je peux affirmer m’être réjouis au fil des mois des rencontres et des interactions que j’ai pu avoir avec ces derniers.
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Commentaires (15 commentaires)
Antoine Bigot il y a 6 ans
Très intéressant et super bien écrit
Gwénaëlle Schouler il y a 6 ans
Quelle belle expérience !
Amélie Dugast il y a 6 ans
Meryl ❤️❤️ T'as pas perdu ton talent d'écriture et tu fais rêver avec cet Erasmus
Aline C-Jaeger il y a 6 ans
Ça donne vraiment envie d’y aller !
Sixtine Willer il y a 6 ans
Superbe expérience !
Chloé Bender il y a 6 ans
Bravo Meryl pour cet article !
Etienne Cousin il y a 6 ans
Merci de partager ton expérience, tu donnes vraiment l'impression que tu as adoré ton année là-bas :)
Manon Schweitzer il y a 6 ans
Très joli texte, et quelle belle expérience tu donnes l’impression d’avoir vécu ! Je suis contente pour toi
Alex D. il y a 6 ans
Super Meryl ! C'est vraiment très bien écrit
Antoine Gence il y a 6 ans
Ouah ! Super aventure
Baptiste Estner il y a 6 ans
Ça donnerait presque envie de changer d'études.. super article Meryl :)
Elsa Baltazar il y a 6 ans
Ça donne tellement envie d'y aller ! Bravo Meryl pour cet article et pour ton parcours
Charlotte Paulus il y a 6 ans
Un article très bien rédigé dont on prends plaisir à dévorer les lignes ! On peut sentir au travers de ton discours l'enrichissement personnel que dégage cette expérience, on y ressens à la fois joie, souvenirs et prise de maturité... Comment ne pas désirer vivre une année aussi enrichissante que la tienne ? J'espère de tout coeur que cette année aussi bénéfique soit-elle, te servira de tremplin pour tes futurs projets
Juliette Rontani il y a 6 ans
ça c'est clair que pour en avoir profité tu en as profité ! A chaque seconde ! Bravo pour ce rapport fidèle aux expériences que je t'ai vu vivre et aux ressentis dont tu m'as fait part toute l'année. Bravo plus généralement pour toutes les opportunités que tu as su saisir, toutes ces randos pluvieuses (pluvieuses, le mot est faible !), ces speechs en public, ces plaquages de quidditch, ces riches amitiés, ces explorations de pubs et petits coffee shops, ces pièces de théâtre pas toujours très compréhensibles... Et tant d'autres ! Bravo pour avoir compris qu'une année à l'étranger est une chance et d'avoir fait honneur à cette chance, pour avoir chaque jour disséminé ta joie de vivre, ton enthousiasme et ta curiosité autour de toi, de nous l'avoir transmis, à nous, ton entourage, bravo d'être toi
Thomas Paulus il y a 6 ans
Bravo Meryl pour ton article, on peut sentir que tu as beaucoup appris de cette expérience et a quel point elle t'a plu !