Mon tour d'France en stop, partie 14

Vendredi 26 août 2016 - 25ème jour

Deuxième réveil consécutif dans une maison, c'est beau. "J'aime l'habitant". On prend un café dehors avec Ivan et un rayon de soleil qui nous réchauffe le visage. Puis p'tite douche, je demande à Ivan s'il a pas une serviette à me prêter puisque j'ai paumé la mienne en micro-filigranne. Sa générosité me répond : "Ah bah j'en ai plein des comme ça, tiens prends celle-là et garde-là. " Après la douche, il me parle un peu de sa vie, de son divorce difficile notamment financièrement Son ex-femme et ses gosses habitent à Nice et il me raconte comment il a flippé le jour des attentats. Il me confie aussi qu'il a failli casser sa pipe il y a 6 mois, victime d'un arrêt cardiaque avec 4 répétitions en quelques minutes. Heureusement Rose était là (#Titanic) et a pu appeler les secours à temps. Il s'en est sorti, mais c'est pas passé loin. Sans séquelles, sinon l'abandon de son ex-hygiène de vie. Dehors les plats préparés dégueulasses et les clopes (alors qu'il était à deux paquets par jour). Bonjour l'alimentation plus saine et la clope électronique. Il me parle un peu de son goût pour le bois. Malgré du matériel un peu rustique, il fait chaque jour un tour du coin pour récupérer des palettes de bois pour les transformer en meubles, dans son atelier, dont quelques uns trônent déjà dans sa petite maison. On part d'ailleurs faire ce tour quotidien pour lequel je l'accompagne aujourd'hui. Quelques palettes récup' dans son utilitaire, on se récompense en retournant chez Loïc au Café du centre prendre un petit café-spéculos et faire un petit check internet. Après ça, on retourne chez lui prendre mes affaires. Il a un rendez-vous dans un village à une vingtaine de kilomètres d'ici donc il va me déposer sur un rond-point au passage. Avant de partir, il me file un stock de spéculos de chez Loïc. Bon pour les prochains p'tits déj' ahah!

Sur le chemin, il me conseille d'aller voir le lac de Guerlédan, paumé au centre de la Bretagne, qui a été nettoyé via une vidange-re-remplissage il y a quelques mois. Grosse opération. J'y serai tranquille selon Ivan. Allez, il est temps de dire au revoir à l'une des plus belles rencontres (sinon la plus belle) de mon voyage. Merci pour tout vraiment du fond du coeur, KENAVO AR'VECHAL IVAN!

Me voilà donc encore sur un giratoire, un de plus. J'ai besoin d'un peu de temps pour me remettre dedans là. Je sais pas si je veux aller à Vannes, à Lorient ou ailleurs... J'envoie un peu au hasard quelques demandes de Couchsurfing pour Lorient. Je reste donc là au bord du rond-point pendant un bon moment. Puis, alors que je faisais pas encore du stop et que j'étais même entrain d'uriner, j'entends deux filles m'appeler : "Ehhh! T-shirt bleu! " Je vais les voir et elles me demandent si je fais du stop. Je dis que non, enfin oui, mais que là tout de suite je faisais une pause ahah.

"-Mais sinon je vais vers Vannes/Lorient et vous?

- Dans la direction opposée, mais dans un village du coin.

- Et c'est bien là-bas?

- Ouais pas mal, avec la plage et tout!

- Bon ben allez, je vous accompagne alors! "

Et c'est ainsi que j'accompagne Charlotte et la roots Loëna, deux bénévoles d'un petit festoche qui a lieu le lendemain soir à côté. Je vais les aider à distribuer des flyers et coller des affiches dudit festival. Je parle du festival aux plagistes à qui on donne les flyers comme si je le connaissais parfaitement, alors que j'en connaissais même pas l'existence il y a un quart d'heure! On rigole bien à faire ça en s'offrant un tour des plages pendant deux heures. Je passe un bon moment. Puis après cette petite parenthèse inatendue, Loëna dépose Charlotte chez son mec puis me ramène au rond-point de départ. Merci les filles pour ces deux-trois heures de bonne humeur!

Allez, je reprends ma route, bien remotivé par cette escapade festivalière. Je me fais un panneau "VANNES-LORIENT" et n'attends pas plus de deux minutes avant que Sabin et son pote Sam me prennent sur leur passage. Drôle de situation parce que ce sont deux vieux potes qui ne se sont pas vus depuis des années et qui viennent de se retrouver 5 minues plus tôt pour aller à l'anniversaire d'un autre de leurs vieux potes. Cocasse! Du coup, ils se racontent les 5 dernières années de leur vie, c'est rigolo, et m'incluent par moments dans la conversation. Je suis amusé de voir cette scène de deux vieux copains qui se retrouvent et se racontent tout. Ils vont encore plus loin que Lorient donc ils peuvent me déposer n'importe où, Vannes ou Lorient, comme ça. Je décide de choisir Lorient, comme ça. Ils me déposent 1h plus tard environ dans le centre-ville, dans la continuité du tour d'France des stades héhé. Merci bien Sam & Sabin (on dirait le titre d'un dessin animé), qui m'ont même laissé un numéro au cas où j'étais vraiment dans la merde ce soir.

Déposé au pied du stade du Moustoir, je me fais une petite visite extérieure du stade et croise même quelques jeunes du centre de formation y entrer pour aller s'entraîner. Puis je m'asseois prendre un petit goûter sur un banc (#Spéculos). Je checke les Couchsurfing et une fille qui est prête à m'accueillir m'a demandé pour quelle date mais elle ne répond pas à ma réponse. Désespoir. Au bout d'un moment, je me dirige vers un Carrefour-ville pour m'acheter quelques victuailles en vue du dîner. Je décide de marcher vers Larmor-Plage, la sorte de Cognin de Lorient mais avec une plage. Je passe devant un hôtel qui accueille des équipes cyclistes professionnelles. Puis j'arrive dans une sorte de quartier résidentiel. Et il y a un petit endroit qui semble PAS MAAL pour y faire un petit campement. C'est un tout petit coin de nature, très joli, à l'ombre grâce à plusieurs arbres et au bord d'un étang. Un peu en contrebas, il est en plus un peu caché donc de cette manière je vais vraiment déranger personne. Il y a même un petit banc en pierre pour faire ma popotte et un petit chemin pour les joggeurs. Il est 20h, ça me semble être un bon endroit pour crêcher. Mais je décide de faire un tour et de revenir la nuit tombée pour que personne ne me voit car même si je ne gêne absolument personne, le camping sauvage reste interdit...

L'hôtel des équipes cyclistes juste à côté de mon campement.

Vers 21h30, je reviens ainsi à cet endroit, installe ma tente et commence à préparer mon dîner avec mon réchaud. Mais, même s'il paraît paradisiaque, l'endroit ne m'inspire pas trop confiance. Notamment parce que j'ai vu une corde attachée à un arbre qui - bien que je ne sois pas un choïnopenxatofile - ressemble fort à une corde de pendu. L'atmosphère est un peu bizarre. Une fois avalé mon repas, je rentre donc dans ma tente. J'écris un peu à l'aide de ma frontale accrochée au toît de la te-ten. Puis je reçois un coup de fil, on parle, on parle... Puis je m'arrête. Une voiture s'est arrêté sur le petit parking juste au-dessus et éclaire ma tente avec ses phares. Puis, une personne sort de la voiture et je l'entends s'approcher de ma tente. Je bouge pas (sauf pour choper mon Opinel avec ma main droite) et je flippe bien parce que dans ce genre de moments, on s'imagine les pires choses qui peuvent arriver. Le gars est tout proche de la tente, genre même pas 1 mètre, et il rôde autour pendant environ 5 minutes. Puis plus de bruit. Je crois qu'il est parti. 10 minutes plus tard, je décide de regarder dehors pour en avoir le coeur net... Rien. Je suis à moitié rassuré et, même si chaque petit bruit d'arbre ou de vent me fait penser qu'il revient, je me dis que la meilleure solution est d'essayer de m'endormir, ce que je parviens à faire tant bien que mal, en espérant voir le jour demain matin... Qui plus est, je n'ai maintenant plus de batterie sur mon téléphone en cas d'urgence.

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