Entre Cadix, les nuages, Bruxelles...et le travail !
Le 29 Novembre 2014,
Bonjour à tous les lecteurs de ce billet,
Mais que fait-t-on à l'APDHA? Une attention portée sur l'immigration
Le mois de novembre fut plus intense en travail à l’APDHA (Asociacion Pro Derechos Humanos de Andalucia) où je travaille. Nous préparons avec Talía, membre de l’APDHA qui se charge plus spécifiquement des questions d’accès aux services sanitaires, et Karin, étudiante en stage, un rapport qui doit sortir fin décembre sur « Mujeres y Frontera Sur ». Après avoir réalisé une partie plus informative sur le contexte général de l’immigration au Maroc et l’accès aux droits basiques de la population migrante au Maroc, à travers le droit national et international, nous centrons notre analyse sur le processus migratoire des femmes subsahariennes qui arrivent au Maroc. Comme vous pouvez vous l’imaginez, immigrer lorsqu’on est une femme n’est pas facile. Déjà d’un point de vue physique mais aussi parce que les femmes sont confrontées à des problèmes qui leur sont propres comme la violence sexiste et connaissent une violation plus importante de leurs droits. Les grossesses forcées et les avortements clandestins sont les conséquences des violences qu’elles subissent. Ce rapport est important dans un contexte de féminisation de l’immigration. En effet, beaucoup de femmes (et beaucoup de mineures) décident d’immigrer. Certaines car elles refusent un mariage forcé dans leurs pays, d’autres pour des raisons économiques. Les femmes migrantes sont toutes en quêtes de libertés qui n’existent pas dans leurs pays.
Un travail fastidieux sur le bilan migratoire
Avec Karin, nous devons également réaliser le bilan migratoire de l'année 2014. Concrètement, nous sommes chargées de répertorier dans un tableau Excel toutes les informations concernant les migrants qui entrent ou non en territoire espagnol, particulièrement par les villes de Ceuta et Melilla. C'est un travail dense puisqu'il s'agit d'effectuer une veille informationnelle en lisant tous les courriers qui arrivent dans la boîte mail spécifiquement créé pour cela. Cette boîte mail nous envoie tous les articles de journaux qui traitent d'immigration. Le but ensuite est donc de résumer l'information : par quel moyen ont-ils traversé la frontière, de quelle nationalité, mineur/majeur, femme/homme, morts/disparus... Nous avons déjà réalisé 7 mois... plus que 5! Et vous vous imaginez bien sûr que ce n'est pas toujours facile de rester marbre face à ce qu'on lit!
Travailler pour un réseau européen d'associations!
Je poursuis aussi mon travail avec l'Association Européenne des Droits de l'Homme et je me suis rendue la semaine dernière à Bruxelles pour assister à un séminaire sur l'inclusion sociale et à la réunion du bureau. C'était très intéressant de voir comment fonctionne une association au niveau européen... c'est bien différent du fonctionnement de l'APDHA!
Les participants au séminaire étaient principalement des membres de ligues de droits de l'homme en Europe. Bulgarie, Roumanie, Chypre, France, Belgique (Flandre et Wallonie), Espagne, Italie, Allemagne, Croatie étaient représentés. Des parlementaires européens devaient également participer mais vous connaissez leur emploi du temps... Cependant nous avons eu la chance d'accueillir Georges Dassis, président du Groupe des travailleurs du CESE (Comité économique et social européen) et Béatrice Ouin qui appartient à ce même groupe et à la section SOC (Emploi, Affaires Sociales, Citoyenneté). Le CESE est un organe consultatif de l'UE qui regroupe des partenaires économiques et sociaux européens. Cela veut dire que ces membres (qui appartiennent à différentes sections comme la section SOC.. il y en a 6 au total) émettent des avis – qui ne sont cependant pas contraignants -, publiés dans le Journal officiel de l'Union européenne, afin d'influencer les institutions européennes (Conseil, Commission et Parlement européen).
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Vue du CESE
Une meilleure compréhension des rouages de l'UE
C'est assez intéressant car on comprend tout de suite mieux comment fonctionne l'Europe. L'année dernière, j'avais des cours sur l'Europe à Sciences Po qui me semblaient assez abstraits et rébarbatifs. Ce séminaire m'a vraiment permis de rendre l'Europe un peu plus concrète...! Le CESE est composé de trois grands groupes dont le Groupe des Travailleurs que j'ai déjà cité, le Groupe des Employeurs et enfin le Groupe « Activités Diverses » (associations par exemple). Basiquement, le CESE est une opportunité pour la société civile de faire entendre sa voix, en toute indépendance politique. Les institutions européennes n'agissent donc pas complètement indépendamment de l'avis des citoyens! Et le CESE est chargé de relayer les opinions de la société civile. Les avis sont révisés par des groupes d'études et sont ensuite votés en Assemblée plénière. L’AEDH est membre du Groupe de liaison de la société civile auprès du Comité Economique et Social Européen qui a été crée, comme son nom l'indique, pour faire le lien entre les membres du CESE et les représentants des principaux secteurs de la société civile organisée européenne. Voilà pour le petit cours sur l'Europe. Nous avons également accueilli Conny Reuter, Secrétaire Général de Solidar une ONG qui promeut la justice sociale en Europe et dans le monde. Nous avons donc débattu dans les locaux du CESE sur la question « Comment agir pour l'inclusion sociale? » lors de trois tables rondes : l'inclusion sociale à travers les instruments légaux, le rôle des pouvoirs publics européens et les possibilités de lutter contre la montée des discours d'exclusion sociale. Globalement nous avons discuté de l'Europe sociale qui ne va pas de soi étant donné que la construction européenne s'est essentiellement réalisée sur des questions économiques. Aujourd'hui, certains instruments comme les MOC (Méthode Ouverte de Coordination) et les GOP (Groupe d'Orientation des Politiques) permettent une harmonisation des politiques sociales, comme la protection sociale, la question des retraites. Mais il existe de grandes lacunes, par exemple sur le thème de la migration. L'Europe se convertit en une forteresse, élevant toujours plus haut ces murs pour éviter l'immigration illégale comme si la tentative de repli était une solution et sans se soucier de toute question humanitaire, ce qui provoque des drames comme celui de Lampedusa... Soit dit en passant, il semblerait que l'Europe ait fini de verser ses larmes avec cette tragédie, oubliant tous les autres... Pour les hispanisants, voici pour plus d'informations le lien de l'article que j'ai écrit pour le blog de l'APDHA sur ce séminaire.
- Bruxelles
Se sentir pleinement européenne!
Bref ce fût une expérience très enrichissante d'avoir comme interlocuteurs des représentants de différents pays en Europe qui nous donnent une information bien différente de ce que l'on peut voir dans les médias. C'est également intéressant de voir le travail conséquent que fourni l'AEDH afin de développer des analyses et des positions qui seront défendues auprès des institutions européennes. Avant ce stage, je n'avais aucune expérience associative de ce genre. Je n'avais jamais manifesté dans la rue et je ne comprenais même pas le sens de cette démarche. Ce stage aura au moins eu le mérite de me faire comprendre l'importance de s'engager et que la citoyenneté ne se résume pas à un simple bulletin de vote déposé dans l'urne tous les 5 ans. A gros traits, le travail de l'AEDH est de s'assurer – et dans le cas contraire de dénoncer – que l'Europe respecte bien les valeurs qui ont été à la base de sa création. A travers le groupe de liaison du CESE, mais aussi par sa participation aux mécanismes de consultation des institutions européennes comme celles de la Commission européenne et à la plateforme des droits fondamentaux de la FRA (Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne), l'AEDH influence pleinement la politique européenne. Lors de la réunion du bureau, nous avons discuté des questions budgétaires, de communication,..., ce qui permet également de mettre un pied dans ce qu'on appelle vulgairement la « vie active » (comme si le reste de la vie se faisait sous le mode passif... ).
- Rencontre de l'association marrocaine TAWAZA avec l'APDHA qui organisent un projet commun de coopération et de sensibilisation.
A part ça, j'assiste à des conférences, à des rencontres comme celle de ce matin avec l'association marocaine Tawaza qui défend les droits des femmes au Maroc. Le but de cette rencontre était de réaliser un état de lieu de la loi sur l'égalité homme/femmes et l'accès aux droits des femmes des deux rives de la Méditerranée. On a par exemple appris que le droit pénal marocain ne définit pas la violence sexiste. Etant donné que j'appartiens aussi au groupe de travail sur l'égalité de genre au sein de l'AEDH, j'ai récolté pas mal d'informations qui pourront nous servir.
Vous l'avez donc compris, je ne m'ennuie pas entre le travail, mes essais au surf (ahaha), les cours de salsa, les activités scoutes, les soirées entre amis, les flâneries au bord de l'océan, les excursions (j'ai prévu d'aller voir Grenade illuminée en décembre). A ce propos, je prendrai plus le temps à partir de janvier de voyager. Comme de nouveaux stagiaires vont arriver, cela sera plus facile. On pense déjà, avec un futur stagiaire, aller au Maroc...!
Si vous souhaitez travailler à l'APDHA, c'est une très bonne opportunité pur rajouter une expérience enrichissante à votre CV tout en profitant d'un cadre de vie idéal, dans une ville qui regorge de richesses culturelles et esthétiques! N'hésitez pas à me contacter pour plus d'informations!
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Être en pull un 29 novembre...
PS: Je m'excuse pour la qualité des photos, elles ont été réalisées avec mon portable cette fois-ci...
Galerie de photos
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