Le temple de Tirta Empul
Durant mon séjour à Bali j’ai visité de nombreux temples, certains plus anciens et d’autres plus modernes, répartis en divers endroits de l’île. Mais pour être honnête, aucun de ceux que j’avais vus jusqu’à présent ne m’avait particulièrement marqué. Je ne peux nier qu’ils étaient esthétiquement beaux, mais au-delà de cela, ils se ressemblaient tous beaucoup. Ils se distinguaient par un style architectural très particulier, finement sculptés, souvent décorés d’ornements dorés, et toujours pleins à ras bord de dons des fidèles. Principalement des fleurs colorées et parfumées. Pour les non-Hindous, accéder à la plupart des temples était impossible, et la seule chose que nous pouvions faire était de les admirer depuis l’extérieur.
Mais Tirta Empul était différent. Ce temple, incontestablement parmi les plus importants pour l'hindouisme balinais, se trouve non loin d’Ubud (à environ 15 kilomètres), et donc également assez proche de notre logement à Kerobokan. Lorsque nous avons décidé d’y aller nous avons formé un groupe assez dense, comprenant une grande variété de nationalités différentes : en plus de moi, il y avait Maria la Mexicaine, Jacquie qui venait directement de Boston, Tereza de Slovaquie, Lena d’Allemagne, et Ester et son fiancé Agung, tous deux balinais et faisant office pour nous de précieux guides.
Ce sont justement eux qui nous ont prévenus qu’il fallait arriver au temple avant 11:00, car il serait autrement envahi par les fidèles et les touristes, au point d’en être presque fermé. C’est pour cette raison que nous avons décidé de partir assez tôt le matin, de façon à être à Tirta Empul au plus tard à 9:30.
Une fois arrivés près du parking du temple nous avons dû payer à l’entrée un billet de 150 000 roupies (un peu moins de neuf euros). Une fois les billets réglés, on nous a conduits vers un petit vestiaire où nous avons pu enfiler une sorte de long morceau de tissu d’une couleur vert vif en guise de tunique, serré à la ceinture par une espèce de gros ruban orange.
Puis quand nous avons tous été prêts, habillés, nous nous sommes dirigés vers la véritable entrée du temple.
Nous sommes passés à travers un magnifique jardin plein de statues et de plantes fleuries, afin de rejoindre le portail d’accès, connu sous le nom de Candi Bentar. Il s’agit d’un traditionnel portail d’entrée, finement décoré, comprenant deux battants, comme tant de fois nous en avions vu à Bali.
Le Temple de Tirta Empul
La construction du temple remonte à 962, lorsque le fondateur de la dynastie Warmadewa qui régnait à l’époque, Sri Kesari Warmadewa, décida qu’il était nécessaire de faire construire un temple pour la purification des fidèles dans la région de Ganjar.
Le temple principal s’étend autour de trois lieux distincts : le premier qui se trouve après l’entrée est appelé Jaba Pisan, ou cour frontale; le deuxième est le Jaba Tengah, la cour centrale, et enfin on arrive à la cour intérieure, qui en langue balinaise s’appelle Jeroan. À l’intérieur de la cour centrale est placée la piscine destinée aux fidèles, la piscine pour les ablutions, séparée en deux sections.
Quand nous sommes arrivés dans cette zone du temple, les fidèles se pressaient autour d’un autel, les mains jointes pour prier, pour ensuite s’immerger complètement dans l’eau très claire de la piscine.
La piscine plus grande, pleine de gros poissons blancs, rouges et oranges, et à la surface de laquelle flottaient plusieurs fleurs, était littéralement envahie par les fidèles. Il existe ici un rituel qui veut que chacun d’eux parcourent le bassin d’ouest en est, en s’arrêtant quelques secondes sous le jet d’eau des fontaines. Cette pratique, qui doit être répétée avec les treize fontaines du bassin, a pour fonction de purifier l’âme des fidèles. Il s’agit d’un rite très répandu en Indonésie et à Bali.
Toute la cérémonie avait vraiment quelque chose de magique : c’était un spectacle à regarder et qui donnait vraiment l’impression de participer à un magnifique documentaire. Il y avait des personnes âgées, des femmes et des enfants qui se baissaient, les mains jointes, sous les fontaines finement sculptées de têtes de dragons. L’eau apparaissait sombre à cause des cailloux dans le fond, mais elle était très propre, et ces gros poissons serpentaient entre les jambes des personnes, sans s’en préoccuper le moins du monde. Il régnait une atmosphère presque mystique, accentuée par le parfum intense de l’encens, placé à chaque angle du temple.
Durant quelques instants, nous sommes restés sous le charme de ce rite si poétique que nous étions en train d’admirer. Puis nous avons décidé que ce serait une bonne idée d’y prendre part. Ainsi, l’une après l’autre, nous nous sommes également immergées dans l’eau tiède, avec nos tuniques vertes, et nous avons mouillé nos cheveux sous le jet d’eau rafraîchissant des fontaines.
Une fois le rite conclu, avec les treize fontaines traversées, nous sommes sorties de l’eau et nous nous sommes dirigées vers la deuxième salle du temple.
Nous sommes donc arrivés dans la cour intérieure, bien moins bondée. Malgré la fascinante image provoquée par le lieu précédent, ce nouveau se révélait beau et élégant dans sa simplicité. Le lieu se distinguait par la présence de deux autres piscines, l’une plus grande, à l’eau sombre et immobile, l’autre plus petite, où l’eau bougeait légèrement. La première des deux piscines était habitée par des centaines de poissons, les mêmes que nous avions vus dans le bassin de la cour centrale. Seulement, ils étaient bien plus nombreux à présent, et de toutes les dimensions et les couleurs. Bien qu’il fût interdit de leur donner à manger, quand nous tentions de nous approcher de la surface de l’eau, ces poissons, poussés par la curiosité, venaient jusqu’à nous et soulevaient leur tête. Certains étaient d’un orange vif avec le ventre blanc, d’autres d’un blanc sale avec des tâches sur le dos, d’autres encore d’un rouge foncé. Tous ces poissons nageaient dans une eau bien plus trouble que celle de la piscine où nous venions de nous baigner, et ils se confondaient avec les algues dans le fond.
Dans la troisième et dernière piscine, la plus petite, nous pouvions sentir l’eau provenir directement du sol, tout en émettant d’étrange gargouillis et en créant de petits tourbillons presque hypnotisant. Il existe de plus une étrange légende autour de ce troisième bassin.
On raconte que l’un des souverains qui régnèrent sur Bali, Mayadenawa, refusa de suivre les préceptes de l'hindouisme, provoquant ainsi la colère des dieux. Et tout particulièrement du dieu de la foudre, Indra, qui décida d’envoyer une armée pour le capturer et le tuer.
Alors pour tenter de fuir la violence de la divinité, le souverain empoisonna l’étang où s’abreuvaient les chevaux et les hommes de l’armée d’Indra. À son tour, le dieu fit surgir du sol une eau au pouvoir curatif, guérissant ainsi ses troupes et leurs animaux et permettant par la même de porter à terme leur mission.
Selon la légende, Tirta Empul a été construite précisément sur cette source et le troisième bassin en est la preuve.
Une fois notre visite du temple terminée, nous nous sommes changés et nous sommes partis récupérer nos mobylettes.
Malheureusement, comme c’est presque toujours le cas à Bali autour d’un lieu très fréquenté, une espèce de petit centre commercial a été créé à l’extérieur. Celui-ci est à ciel ouvert et composé d’un labyrinthe de petites cabanes où l’on peut se procurer des souvenirs et des produits de tout genre.
Le problème avec ces endroits, contrairement aux marchés (où l’on peut faire de vraies affaires, surtout si l’on sait marchander! ), c’est qu’il est presque impossible de trouver quelque chose de vraiment original, et qu’il s’agit bien souvent de babioles de mauvaise qualité. De plus, les vendeurs sont toujours très instants, mais seulement avec les touristes, ce qui peut devenir très ennuyant à la longue. L’astuce dans ces cas-là est d’apprendre quelques mots de base en bahasa (la langue nationale de l’Indonésie). De quoi les laisser sans voix!
Au-delà de la gêne qui peut être causée par leur insistance, mais qui n’est finalement que de la gêne, ces structures posent un problème plus sérieux. Selon moi, le fait qu’elles se trouvent directement à l’extérieur d’un temple aussi beau gâche en partie l’atmosphère, qui devrait être exclusivement empreinte de spiritualité.
Dans tous les cas, et bien que je ne soutienne pas du tout la présence de ce petit centre commercial (à Tirta Empul comme dans beaucoup d’autres endroits, à commencer par Tana Loth où une sorte de parc d’attractions a été construit), il ne réussit pas à entacher la beauté du lieu, qui reste véritablement magique.
Si vous tenez à vous procurez un joli souvenir, quelque chose de particulier et de pas cher, ne vous laissez pas convaincre par les habiles vendeurs qu’on trouve dans ce genre d’endroits, et prenez plutôt le temps d’aller fouiller dans l’immense marché d’Ubud : là-bas, vous pouvez pour sûr faire de vraies affaires!
P-S. je vous donne le même conseil que nos amis balinais nous ont donné : allez-y tôt le matin!
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